Hélas pour les croyants ou pour les simples promeneurs, la chapelle de Clévy, autrefois toujours ouverte pour qui cherchait un refuge à l'abri du vaste monde, est désormais fermée à clé en permanence. Craindrait-on les pillards ou les vandales ? Que nenni. Si la mairie a ainsi scellé les portes, sur les ordres du curé de Tarare, c'est (aussi stupéfiant que cela puisse paraître) de peur qu'un prêtre vienne dire la messe ou le chapelet dans la chapelle.
L'ingénu qui demandera les clés à la mairie se verra rétorquer qu'on ne peut plus accéder à ce lieu sans l'autorisation du curé. Oui, chers contribuables de Saint Romain, qui par vos impôts locaux payez l'entretien de cette propriété de la commune, vous avez bien lu : pas d'accès à Clévy sans une demande (en courrier recommandé ?) au curé de Tarare, qui, en digne successeur de saint Pierre (gardien des clés du Royaume des Cieux), a tout loisir pour décider d'accorder ou non cette faveur selon son bon vouloir.
Pour ce qui est de l'équipe municipale, qui n'est jamais aussi à la fête que quand elle peut fermer des trucs (on se souvient avec émotion de la fermeture des chemins d'accès au mont Popey pendant le confinement, de crainte sans doute que la foule ne s'y pressât comme au mont Saint Michel), on peut faire quelques suggestions, car il serait dommage de s'arrêter là.
Car si on interdit l'accès à une chapelle pour éviter d'y voir un prêtre, on pourrait aussi, par exemple, fermer la boulangerie (de crainte qu'un boulanger ne s'y introduise sournoisement pour nous fabriquer des pains au chocolat), et cacher la clé dans un sac de farine. Ou bien boucler à double tour les écoles, par hantise d'y voir un enseignant enseigner, et indiquer aux enfants qu'ils doivent demander les clés au ministère. Ou encore fermer les toilettes publiques pour éviter que des importuns viennent y faire leurs besoins.
Mais dans ce dernier cas, pour la clé, pas de problème, tout le monde saura qu'on peut la trouver à la mairie.
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